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Dossier été 2017 : Le tourisme dans le monde

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La fin du XXème siècle est le temps de la mondialisation. Les marchandises parcourent le monde, des immenses ateliers chinois aux grands centres commerciaux des périphéries urbaines, le carton et le conteneur en étant les emblèmes quotidiens. Le tourisme n’échappe pas à la règle, la massification des touristes internationaux allant de pair, au cours des dernières décennies, avec l’ouverture des frontières – réelles ou symboliques – aux mobilités de ceux que Jean Cocteau définissait comme de  » célèbres inconnus « . De quelques-uns à plusieurs centaines de millions qui, chaque année, traversent et visitent un pays en quelques jours, voire en quelques heures, les touristes sont apparus de façon brutale et considérable dans un monde qui ne connaissait des migrations importantes que les récits des épopées bibliques ou pastorales, les invasions militaires ou belliqueuses, ou le souvenir des millions d’individus quittant, un siècle plus tôt, la famine et la pauvreté d’Irlande ou d’Italie vers

cette Amérique qui promettait l’eldorado et une nouvelle vie. Le touriste ne fut donc identifié que comme ce consommateur pacifique de mobilités, d’espaces, de lieux de nature et de culture, d’activités, de curiosités, de services et d’événements qui, comme l’écrivit le poète allemand Hans Magnus Enzensberger, « faute de pouvoir changer le monde, change de monde ».

L’émergence du tourisme international

C’est là l’une des révolutions majeures du siècle dernier : le tourisme s’est mondialisé, à la vitesse des progrès du niveau de vie, du niveau culturel et de la mobilité, de la baisse du coût des transports (notamment aériens) et des facilités nouvelles offres à la circulation des personnes et des biens depuis la Seconde Guene mondiale. Mais le tourisme peut aussi être domestique, à l’intérieur des frontières des Etats. S’il est ignoré le plus souvent d’un point de vue statistique, c’est l’Etat qui structure quantitativement le flux dominant des consommations touristiques.

Les Américains voyagent principalement aux Etats-Unis, comme les Français le font majoritairement en France. Dans sa structure macroéconomique, le tourisme suit les grandes tendances des principaux indicateurs du commerce international. Les services commerciaux identifiés par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) – transports, voyages et autres – ont bénéficié en termes de volumes échangés, de la mondialisation. Cela prouve combien le tourisme est devenu une activité économique mondialisée.

La croissance de l’activité touristique est continue entre 1 950 et le début du nouveau millénaire, les comportements de voyage étant intimement liés aux cycles macroéconomiques. Les périodes de crise ou de récession (crise pétrolière, guerre du Golfe, crise financière asiatique, attentats du 11 septembre 2001, etc.) accentuent les inversions de tendances touristiques, restructurent les marchés et entraînent parfois de nouvelles habitudes de voyage. Des marchés réputés secondaires en ont souffert, notamment lorsque le tourisme est une mono-industrie et représente la plus grande part des ressources d’une économie (plus de 30 % du PIB des îles de Maldives, de Macao, des Seychelles, etc.).

État des lieux

La valeur des services commerciaux échangés est importante et les partenaires nombreux. Trois marchés régionaux principaux dominent structurellement l‘activité touristique dans le monde : l’Europe, les Amériques et l’Asie- Pacifique représentent près de 90 % des flux touristiques, flux physiques et flux financiers. L’Asie apparaît comme le dragon du tourisme mondial à la croissance exponentielle, aux capacités humaines et industrielles inégalables. La Chine et l’Inde seraient les têtes de l’hydre, leurs classes aisées – et aujourd’hui une part non marginale de leurs classes moyennes – accédant aux vacances et aux loisirs. Pour certains, les pays émergents généreront des flux importants de nouveaux touristes internationaux sur les marchés traditionnels. Pour d’autres, la démographie urbaine chinoise (plus de 500 millions d’habitants), comme le poids grandissant des autres nations des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) dans l’économie mondiale (40 % du PIB mondial en 2025) bouleversent les équilibres et vont profondément redessiner les marchés et les acteurs du tourisme dans le monde. Ces quelques marchés gigantesques, aux croissances récentes mais inflationnistes, sont certainement les puissances touristiques de demain, pas seulement en termes de clients, mais surtout de capacités financières et d’investissements. Les  » tigres  » sortent les griffes, comme certains pays du Moyen-Orient investissent leurs pétrodollars dans des infrastructures de transport (aéroports internationaux ou hubs), des compagnies aériennes (Emirates, Qatar Airways, etc.) censées transporter des touristes venus du monde entier pour dépenser sans compter dans de gigantesques et luxueux complexes touristiques (comme à Dubar).

Ces chiffres illustrent bien l’idée d’une économie globalisée, dont la croissance à la fin du XXème siècle a doublé chaque décennie, basée sur les échanges et consommant allègrement transports, énergies fossiles, espaces et paysages. Ils soulignent également les profondes inégalités d’accès aux vacances, aux voyages et aux loisirs dans le monde. Ces inégalités ne distinguent pas seulement les réalités occidentales de celles des pays les plus démunis, en Afrique subsaharienne notamment. Le revenu disponible des ménages (pour consommer et/ou épargner) représente le premier facteur de départ, le niveau de vie déterminant très fortement les taux de départ, les fréquences et les destinations de voyages.

Source : Le Guide du Routard

Cet article fait partie du dossier été 2017