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Faut-il limiter l’accès aux sites touristiques ?

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Protéger à la fois le patrimoine, la libre circulation des touristes et les droits des populations, tel est le défi que· notre siècle doit relever. De nouveaux axes pour le tourisme d’aujourd’hui et de demain se profilent à l’horizon.
Des centre-ville saturés, des échafaudages rongeant les flancs de sites touristiques majeurs – comme les pyramides-, des îles paradisiaques fermées au tourisme … Ces images effraient et les mesures toujours plus nombreuses pour préserver le patrimoine mondial font craindre une mutation profonde dans le tourisme de masse.
Nos semblables voyagent de plus en plus, et partent de plus en plus nombreux. Cela a forcément un impact sur l’environnement en général et la préservation des sites visités, en particulier. Le bénéfice tiré de l’économie touristique incite gouvernements, organismes et professionnels du voyage à attirer une clientèle toujours plus large sur les destinations qu’ils promeuvent, au détriment des conditions de vie des populations locales et cela à long terme.
Christian Orofino, co­président de l’Obget (Observatoire géopolitique écotouristique) se désole par exemple de voir l’Unesco labeliser des sites sans avoir pensé au préalable, en concertation avec les autorités locales, à une stratégie d’accueil.

Quotas et fermetures temporaires de certains sites

La détérioration de monuments est effectivement due à plusieurs facteurs et pour freiner une érosion tant des sites que des cultures, des mesures draconiennes sont prises vis-à-vis des touristes. Une partie du site de Pompéi est fermé au public ; les îles Similan en Thaïlande sont temporairement interdites au tourisme ; les sites archéologiques mayas ne peuvent plus se gravir à même la pierre, mais sont accessibles via des échafaudages ; un quota de visiteurs est imposé en Antarctique et aux Galapagos ; le centre­ville de Barcelone est fermé aux groupes de plus de 50 personnes …
Autant de barrières qu’on aurait pu éviter en préparant l’accès aux touristes ? Pour sensibiliser les foules, certains tour-opérateurs et croisiéristes organisent pour leurs clients lors de leur séjour des visites d’écoles, d’orphelinats, d’ateliers de rénovation de céramiques dans les communautés visitées. D’autres proposent aux voyageurs de prendre pari à une activité communautaire, écologique ou encore de vivre chez l’habitant afin qu’ils se sentent impliqués dans leur action à l’étranger lorsqu’ils voyagent.
Afin de changer les moeurs et de faire évoluer le tourisme vers une conscience collective de notre environnement, des mesures incitatives sont instaurées, comme les « Palmes du tourisme durable », dont la l ère édition récompense les professionnels du voyage ayant récemment mis en place des actions concrètes pour préserver l’environnement et favoriser le contact avec les populations locales.
Ce décloisonnement permettrait de désaturer les régions et sites aujourd’hui engorgés et en danger et de répartir l’intérêt touristique sur l’ensemble des destinations et sur les différentes périodes de l’année, oeuvrant ainsi à toujours nourrir la curiosité du voyageur tout en préservant l’authenticité d’un lieu, d’une culture et d’un savoir-faire.